Monographie parue le 6 avril 2011
Emile Chambon (1905-1993), la magie du réalisme par Philippe Clerc
Co-édition Fondation Emile Chambon, Genève, et Somogy Editions d'Art, Paris
S'il a traversé le XXe siècle et connu nombre d'artistes, le peintre genevois Émile Chambon a su rester indépendant face aux grands courants artistiques de son époque.
Grand amateur de Courbet, du Caravage ou encore de Vallotton, il n'a eu de cesse de leur rendre hommage et de s'attacher à défendre la peinture figurative. Exposé régulièrement en Suisse et en France, il a bénéficié de l'appui de personnalités comme Louise de Vilmorin ou le prince Sadruddin Aga Khan qui ont reconnu son talent.
Alors qu'il ne fait aucun doute qu'Émile Chambon reste un peintre à découvrir, cette monographie, offrant unapperçu généreux de son oeuvreprolifique et de sa personnalité hors du commun, le permet enfin.
Avant-propos
J’ai pensé qu’il était temps que soit rédigée une biographie sur Émile Chambon, peintre et dessinateur, en complément à la très belle publication de Jean-Marie Marquis (Skira, 1984), afin d’analyser l’oeuvre de cet artiste et de la situer dans le XXe siècle. Pour ce faire, la Fondation a fait appel à Philippe Clerc, historien de l’art, avec lequel s’est établie une parfaite et heureuse collaboration. Peintre genevois aussi surprenant qu’original, Émile Chambon mérite amplement l’ouvrage qui lui est consacré et qui définit avec justesse l’atmosphère de l’époque où s’inscrit son oeuvre. Au fil des pages est décrite la vie passionnante d’un artiste d’une très grande culture qui nous laisse par ailleurs un patrimoine important, notamment sa collection d’arts premiers, dont il a légué un nombre considérable de pièces exceptionnelles au musée d’Ethnographie de Genève. Cette monographie restera le plus bel hommage rendu au maître en ce début de XXIe siècle.
Jackie W. Nyffeler
Président de la Fondation Émile Chambon
Préface (S.A.R. la princesse Marina de Savoie)
S’il me tient à coeur de parler d’Émile Chambon, c’est non seulement parce que j’éprouve une grande admiration pour l’oeuvre de ce peintre dont – à mon sens – le talent mérite toute notre reconnaissance, mais également parce que je l’ai côtoyé et qu’il m’a fait découvrir son oeuvre dès mes plus tendres années. Enfant, alors que je fréquentais l’école de Carouge où mes parents vivaient, j’étais en classe avec l’une des muses du peintre et c’est elle qui me l’a présenté. S’ensuivirent de nombreuses rencontres dans son atelier où il se plaisait à me montrer ses toiles ou bien l’une ou l’autre pièce de sa collection qu’il me décrivait en détail. À l’époque, je pratiquais le ski nautique à haut niveau et lorsque, fin 1954, je me suis rendue à Cypress Gardens – en Floride – pour sept mois, Chambon et moi avons continué à correspondre.
À mon retour, il m’emmena voir une exposition au Palais de l’Athénée, à Genève, « La Femme suisse dans la peinture », où figuraient quelques-unes de ses toiles. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’il avait réalisé mon portrait à ski nautique à partir d’une photographie parue dans La Patrie suisse alors que je venais de remporter les Championnats du monde ! Dans la foulée, il peignit d’autres toiles de moi et je devins l’Amphitrite de toutes ses compositions mythologiques.
D’ailleurs, à l’occasion de mes fiançailles avec le prince Victor-Emmanuel de Savoie, il nous dédia un dessin allégorique me représentant sortant d’une conque, entourée de nymphes et faisant face à un Poséidon flanqué des armes de la Maison de Savoie. Chambon a marqué ma vie de jeune fille et son souvenir reste gravé à jamais dans ma mémoire, de même que son coup de crayon inimitable ; à mi-chemin entre un Tiepolo, un Delacroix, un Cocteau et un Balthus, il a su se forger un style sans pareil, une esthétique qui lui était propre. Le temps est enfin venu qu’il retrouve sa place au panthéon des artistes du XXe siècle et je suis heureuse d’associer mon nom à cet ouvrage qui constitue un hommage à sa mémoire.
S.A.R. la princesse Marina de Savoie